Le processus d'immigration vers le Québec raconté par une famille française.

Publié le par Un accent comme toit

 

 

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     Enfant je parlais " yaourt " afin de faire croire que je parlais anglais, afin de me persuader que peut-être un jour je pourrais aller vivre en Amérique. Mon premier voyage vers le Canada et la province du Québec se fit vers mes 18 ans. Ce fut la concrétisation d'un rêve. Les yeux grands ouverts j'ai dévoré des miles de routes et de paysages sublimes. De retour en France mon pays me paru différent, petit, avec beaucoup trop de murs, de grillages et de barrières. Tous les bâtiments étaient emboîtés, imbriqués les uns aux autres laissant peu d'espace pour la lumière et la circulation. La déprime dura six mois. La première déprime de ma vie. Il a donc fallut que je me réinvestisse dans les études et ma scolarité pour me dire qu'un jour je retournerais peut-être au Québec.

 

Ce jour arriva, 24 ans après. C'est avec ma femme Virginie et notre fille Neela âgée de un an, que je suis retourné à Montréal, puis Trois-rivières, puis Québec. La vie, les études et le travail nous éloignent parfois de nos buts premiers. Ce n'est sûrement pas par hasard lorsque ceux-ci reviennent s'inscrire dans nos pensées du quotidien.

 

 

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     Nous sommes arrivés à Montréal en plein mois d'août. Nous avions recherché un logement sur internet, regardé le point de vue et des photos depuis Google-street-view. En Août tout est cher, le vol par avion mais aussi le logement. Notre chambre chez " Maam-Bolduc " était un petit nid douillet, perché dans une petite boîte chromée au dernier étage de l'immeuble de Sandrine et Edy. Tous deux avaient vécu à Paris avant d'avoir leurs enfants, puis en Floride avant de finalement s'installer au Québec. Le cadre de vie leur paraissait plus sûr et bien plus familiale. Ce premier contact avec des français expatriés nous plu. Accueillants et chaleureux, ils avaient su en très peu de jours nous transmettre les valeurs chères aux Québécois. La vie sur le plateau de Montréal nous paru merveilleuse. Les lieux semblent paisibles, les personnes sereines, et les rues fourmillantes de curiosités individuelles et commerçantes. Il nous parut très difficile d'occuper l'espace vital d'autres personnes, pensant également qu'il était très facile de s'exprimer et d'exister pleinement. 

 

 

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     Montréal et la ville où atterrissent la plus part des nouveaux arrivants. C'est une ville où par relations vous connaissez au moins une ou deux personnes. C'est une ville où vie et habite une de mes cousines, fille de ma tante Carole, immigrante française arrivée dans les années soixante dix. Je ne connais pas cette cousine et il ne nous fut pas possible de nous rencontrer. Peu importe, à aucun moment nous nous sommes sentis isolés ou perdus, mais toujours bien entourés et choyés. C'est peut-être ce climat familial qui laisse les personnes vivrent le quotidien au rythme de leurs envies et qui ne les poussent jamais vers de quelconques obligations. N'étant pas ou plus féru de vie citadine, nous avons décidé de poursuivre notre séjour découverte vers les paysages verdoyants de Trois-rivières et du parc national de la Mauricie.

 

 

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     Au volant de notre énorme Buick de location, nous étions tous les trois installés confortablement. Intégrés malgré nous au flot de circulation nous naviguions doucement et tranquillement. Doublés sans cesse par toutes sortes de véhicules, nous avions vraiment la sensation de vivre ces vacances à un autre rythme. Sans aucune agressivité, sans aucun klaxon, les automobilistes nord américains nous laissaient avancer vers notre destination. Aidés par notre GPS à l'accent français, nous avions enfin trouvé la route qui toute droite nous laisserait découvrir de somptueux paysages. Pensant qu'une voiture de patrouille pouvait surgir de n'importe quel petit chemin boisé, je respectais scrupuleusement la limitation de vitesse.

 

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     Arrivant à notre chambre, maison d'hôte, nous découvrions un autre type de logement, dans un autre environnement. Il me serait impossible de ne pas vous évoquer Diane et Denis qui nous ont ouvert leur maison, qui nous ont loué et logé dans la chambre de leurs enfants maintenant indépendants et mariés. Ce complément de revenus, ils l'utilisent pour voyager et pour gâter leurs petits-enfants. Le petit-déjeuner fut copieux, café et jus de fruits, tartine et gâteaux, fruits frais. Aujourd'hui nous ne pourrions plus envisager de voyager autrement. Autour de la table, chacun se raconte, chacun questionne l'autre. Nous évoquons nos points de vue, nos parcours de vie. Nous sommes reparti enrichis d'une nouvelle expérience et par de nouvelles relations amicales. Cette année Diane et Denis nous ont rendu visite à Lyon. Leur maison ressemble à une jolie maison de poupées. Cosys et chaleureuse, chaque pièce reste ouverte sur les autres, on ne ferme jamais les portes. Le gazon du jardin est fabuleux, à faire complexer nos tondeuses. Un matelas naturel pour jouer avec notre fille au milieu des fleurs. Tout autour Denis, bûcherons ébéniste, dispose d'une bonne réserve de bois pour l'hiver. Les marques faites sur le poteau électrique face à la maison témoignent des chutes de neige record que les habitants de Trois Rivières ont pu connaître. Certaines années, les habitants sont sortis vers l'extérieur par les fenêtres du haut !

 

 

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     Voyager au Québec avec un enfant est vraiment très pratique. Nous avons pu embarquer gratuitement dans l'avion tout le nécessaire pour notre fille. Siège auto, poussette, lit parapluie. La plupart des hébergements acceptent les enfants, mais on vous posera des questions lors de la réservation. Votre enfant doit être calme pour ne pas faire fuir la clientèle. La concurrence est rude. Pour notre semaine sur la ville de Québec nous avions choisi de séjourner sur la rive sud, à Lévis. Bien que très élevée, la vie y est moins chère en cette période de l'année. La traversière permet de se rendre très rapidement dans l'autre ville, à pied ou en voiture.

 

     Parce que l'ambiance était triste nous avons quitté le motel réservé depuis la France. La décoration toute refaite au goût des années cinquante ne nous a pas convaincu. Nous avons été très heureux de retrouver l'ambiance chaleureuse et feutrée d'une maison d'hôtes dans le vieux Lévis. Comme France et Yvon propriétaires québécois du " Vieux bahut ", beaucoup de français rêvent de s'établir dans la belle province en prenant en gestion un lieu d'accueil touristique. Il faut savoir que cela représente vraiment beaucoup de travail, tous les jours de l'année ainsi que toutes les fins de semaines. Cependant les opportunités ne manquent pas. Vous trouverez grand nombre de ces établissements à vendre. Un rendez-vous avec les personnes de la chambre de commerce à qui vous exposerez votre projet ou vos idées vous apprendra qu'ici les personnes se plient en quatre pour vous aider. En un rien de temps vous pourriez avoir votre premier rendez-vous d'affaires. Une autre discussion avec le représentant d'une association d'aide à l'intégration des immigrants vous apprendra qu'il faut aussi être très prudent. On peut être les témoins de fortunes rapides, comme les témoins du fait que des personnes se font aussi plumer très rapidement.

 

     L'intégration dans un pays comme le Canada et la province du Québec commence par une très bonne connaissance des mentalités et habitudes. Commencer au bas de l'échelle devrait permettre d'éviter beaucoup d'erreurs.

 

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     La région ne manque évidemment pas d'attraits touristiques. L'île d'Orléans, Saint Jean de port joli, etc. Mais lorsque l'on va au Québec, on y part aussi pour aller à la rencontre des Québécois. Sur le chemin du retour nous avons été hébergés gracieusement à Varennes par nos amis Marie-Andrée et Gilbert. Bien que nous ayons été en contact pendant six ans par internet, nous nous rencontrions pour la première fois. La passion commune de l'écriture et de la chanson avait entretenu ce lien. Nous avons été très heureux et chanceux de passer ces quelques jours en leur compagnie. Nous avons pu échanger sur nos habitudes, parler de nos projets, de nos envies et aspirations. Tout en nous rassurant mutuellement sur nos habitudes nous nous rapprochions un peu plus de nos cousins d'Amérique du Nord.

 

     Je ne parlerais évidemment pas " yaourt ", mais je serais vraiment très fier de prendre l'accent Québécois que je considère comme un facteur d'intégration. Cet accent est aussi l'accent de mes ancêtres Normands du 18 ème siècle, avant que l'élite parisienne ne s'applique à l'intellectualiser.

 

"Un accent comme toit" c'est choisir le Québec comme maison. 

 

 

Copyright © Stéphane Lange 2012 

 

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Publié dans Le voyage découverte

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